Comprendre les thérapies ciblées


Les gènes fonctionnent en produisant des protéines, comme des enzymes, des anticorps, des messagers, des hormones, etc. Tous les cancers sont causés par un changement ou une lésion dans un ou plusieurs gènes. La plupart de ces changements sont attribuables à une mutation génétique. Un gène qui a muté ne fonctionne pas correctement parce que les instructions dans son ADN deviennent confuses. Les cellules pourraient alors se diviser de façon désordonnée, et engendrer un cancer. Ces mutations génétiques peuvent aussi inciter une cellule à fabriquer une trop grande quantité de protéines, des protéines anormales ou une quantité insuffisante de protéines.

Nouveaux traitements dits de précision, les thérapies ciblées et les immunothérapies spécifiques visent à bloquer ou corriger spécifiquement certains mécanismes impliqués dans le développement, la croissance et/ou la propagation de la tumeur.

La recherche de protéines anormales ou de mutations génétiques (biomarqueurs) est l’un des piliers de la médecine de précision qui, contrairement à la chimiothérapie conventionnelle, ne repose pas seulement sur le type de tumeur mais également sur les caractéristiques moléculaires de la tumeur[1].

La « thérapie ciblée » cible une protéine anormale, issue d’une mutation génétique potentielle, responsable de certains types de cancers. Le médicament de la thérapie ciblée ne touche que la protéine anormale, contrairement à la chimiothérapie qui n’est pas sélective et affecte toutes les cellules qui se divisent rapidement. Les thérapies ciblées ne fonctionnent que si le cancer a bien la cible en question.

Deux types de thérapies ciblées


Les anticorps monoclonaux ciblent des protéines précises, souvent des récepteurs, sur la surface des cellules cancéreuses ou dans la région autour de la tumeur.

Ces grosses molécules ne sont pas capables de pénétrer dans la cellule. Elles peuvent prévenir la prolifération des cellules cancéreuses en bloquant leur croissance ou leur alimentation par les vaisseaux environnant. 

Le nom des anticorps monoclonaux (monoclonal antibodies) finit souvent par -mab (p. ex. rituximab, bévacizumab, trastuzumab, pertuzumab, panitumumab).

 

Les médicaments à petites molécules qui, traversent la membrane cellulaire vers des cibles intracellulaires afin de ralentir la prolifération ou encore causer la mort des cellules de la tumeur.

Le nom de ces médicaments à petites molécules finit souvent par -mib (pour inhibiteurs de la protéase) ou -nib (pour inhibiteurs des kinases), comme l’osimertinib et le vémurafénib.

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Le mode d’action

Les thérapies ciblées peuvent agir à différents niveaux de la cellule (cf. schéma) :

sur les facteurs de croissance (qui sont des messagers déclenchant la transmission d’informations au sein d’une cellule) ;

sur leurs récepteurs (qui permettent le transfert de l’information à l’intérieur de la cellule) ;

sur des éléments à l’intérieur des cellules.


La prescription de la thérapie ciblée nécessite la présence d’anomalies moléculaires spécifiques. Seuls les patients présentant une anomalie moléculaire dans leur tumeur, identifiée par un test moléculaire[1], se verront prescrire le traitement correspondant. La recherche d’anomalie moléculaire se fait le plus souvent sur la biopsie.

Le développement en routine du séquençage de nouvelle génération (NGS) a permis de découvrir de nouvelles altérations moléculaires contribuant au développement tumoral : certaines constituent des cibles moléculaires thérapeutiques. En parallèle, de nouvelles thérapies ciblant des altérations moléculaires émergent.

 

Quelques exemples[2]

Dans les cancers du poumon non à petites cellules, les tumeurs avec présence d’une mutation du récepteur du facteur de croissance épidermique (Epidermal growth factor receptor -EGFR) connaissent une division et une croissance rapides des cellules è les inhibiteurs de la tyrosine kinase du EGFR (p. ex. osimertinib, géfitinib, erlotinib) sont des médicaments à petites molécules qui visent les tumeurs avec présence de la mutation du EGFR. 

Une autre protéine ciblée dans le traitement des cancers du poumon non à petites cellules est la kinase du lymphome anaplasique (ALK). Les cellules porteuses de la mutation de l’ALK peuvent être ciblées par les inhibiteurs de l’ALK (p. ex. crizotinib).

Il existe plusieurs autres cibles moléculaires possibles dans les cancers du poumon non à petites cellules. 

Dans environ la moitié des cas de mélanomes, il y a des mutations du proto-oncogène RAF de type B (BRAF)14, causant une altération de la protéine BRAF qui favorise la croissance des cellules cancéreuses > les inhibiteurs de la protéine proto-oncogène RAF de type B (p. ex. vémurafénib, dabrafénib) sont des thérapies à petites molécules qui peuvent être efficaces contre les cancers avec présence d’une mutation du BRAF.

La mutation du HER 2, connu également sous le nom récepteur 2 à activité tyrosine kinase erb-b2 [ERBB2]) récepteur 2 du facteur de croissance épidermique est présente dans certains cancers du sein > Les anticorps monoclonaux trastuzumab et pertuzumab peuvent être utilisés pour traiter les cancers du sein porteurs de la mutation du HER2.

Le mode d’administration

La plupart des médicaments à petites molécules se pré­sentent sous la forme de comprimés ou de capsules

La majorité des anticorps monoclo­naux sont administrés par voie intraveineuse, certains anticorps monoclonaux, comme le rituximab, ont une formulation pour une administration sous-cutanée dans certaines indications.

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