La chimiothérapie
La chimiothérapie est un traitement comportant l'administration de médicaments qui agissent sur les cellules cancéreuses, soit en les détruisant, soit en les empêchant de se multiplier. Ces médicaments n’agissent pas de façon sélective ou ciblée et agissent sur d’autres cellules saines de l'organisme, en particulier les cellules qui se multiplient rapidement (moelle osseuse, cheveux, peau, etc.) cela explique les effets secondaires de la chimiothérapie.
Il existe de nombreux médicaments de chimiothérapie. Ces médicaments sont très puissants. Ils sont le plus souvent associés entre eux. Leur dosage, le rythme de leur administration, la façon dont on les associe dépendent du type de cancer et de l'état du malade.
En 2021, plus de 363 000 personnes ont été traitées par chimiothérapie[1].
Plus de 7,7 millions d’hospitalisations ont été réalisées dans les établissements de santé en 2021, hors activité de radiothérapie en secteur privé libéral.
L’objectif de la chimiothérapie est de perturber les processus indispensables à la multiplication des cellules tumorales.
Les médicaments utilisés en chimiothérapie combattent les cellules cancéreuses selon différents mécanismes ciblant l’ADN, l’ARN ou des enzymes nécessaires à leur bon fonctionnement.
Il existe 4 grandes classes de molécules chimiothérapeutiques[1] :
les inhibiteurs de topo-isomérases perturbent le fonctionnement d’enzymes essentielles à la réplication du matériel génétique des cellules avant division. Principales molécules : doxorubicine, etoposide, adriblastine, etc. ;
les poisons du fuseau bloquent la formation de la structure qui permet aux chromosomes de se séparer lors de la division cellulaire. Principales molécules : vinblastine, vincristine, docetaxel, paclitaxel, etc. ;
les alkylants et les sels de platine entravent les processus de réplication et de transcription de l’ADN. Principales molécules : cyclophosphamide, melphalan, cisplatine, oxaliplatine, etc. ;
les antimétabolites inhibent la synthèse des acides nucléiques constituants de l’ADN et indispensables dans les premières étapes de la division cellulaire. Principales molécules : méthotrexate, 5-fluorouracile, etc.
La chimiothérapie est souvent associée à d’autres approches telles que la chirurgie, la radiothérapie ou l’hormonothérapie, mais également à une thérapie ciblée ou de l’immunothérapie, etc.
Selon la maladie ou le stade de celle-ci, la chimiothérapie peut être le premier traitement utilisé, on parlera alors de « chimiothérapie néo-adjuvante » ou être complémentaire de la chirurgie ou de la radiothérapie : "chimiothérapie adjuvante". La chimiothérapie peut aussi être proposée pour traiter des métastases, c’est-à-dire des cellules cancéreuses qui se sont propagées dans d’autres parties du corps. On dit que c’est une chimiothérapie métastatique.
Il est possible d’administrer les médicaments de chimiothérapie de plusieurs façons :
par des injections dans une veine (voie intraveineuse) par un boîtier placé sous la peau du thorax (site implantable) qui est relié à une veine par un petit tuyau (cathéter), ou directement dans une veine ;
par la bouche (voie orale) ;
par des injections dans le muscle (voie intramusculaire) ;
plus rarement, directement dans la tumeur ou dans une cavité de l’organisme envahie par les cellules cancéreuses.
La grande majorité s'administre par voie intraveineuse.
Dans le cas d'un cathéter intraveineux, l'extrémité libre du tuyau simple passe en partie sous la peau et se termine par un bouchon. Il est recouvert d'un pansement qui sera refait stérilement chaque semaine par une infirmière. Ce pansement permet de prendre une douche mais pas de bain (le pansement doit rester sec).
Les soins de cathéter nécessitent d'injecter régulièrement un anticoagulant (héparine) afin d'éviter qu'il se bouche.
Dans le cas d'une chambre implantable, l'extrémité libre est reliée à un petit boîtier que l'on implante sous la peau, généralement dans la région du thorax. Ce boîtier comporte une membrane élastique ; ainsi l'infirmière pourra vous piquer aisément : l'aiguille traverse la peau puis la membrane pour injecter le produit dans la boîte. Ce geste n'est pas douloureux et votre liberté de mouvements est préservée. Entre les périodes de perfusion, aucun pansement n'est nécessaire, mais l'infirmière fera un rinçage toutes les 4 à 5 semaines environ. Les perfusions peuvent être de courte durée ou continues sur plusieurs jours. Dans ce dernier cas, afin d'éviter de revenir trop souvent à l'hôpital, une pompe portable est branchée sur la chambre implantable. Elle est placée dans une pochette qui peut se porter sous les vêtements, en bandoulière ou encore à la ceinture.
Le traitement est administré sur un ou plusieurs jours, phase de traitement. On parle de cure de chimiothérapie. L’équipe médicale adapte le nombre de cures et le mode d’administration en fonction de chaque patient.
Les séances de chimiothérapie peuvent se dérouler selon trois modalités :
en hospitalisation classique ;
en hôpital de jour (HDJ) ;
ou à domicile (Hospitalisation à domicile HAD). Les durées d’hospitalisation sont variables.
Ces modalités ne sont pas liées à la gravité de la maladie.
Pendant le traitement de la chimiothérapie, le malade peut :
prendre des douches et des bains ;
sortir et mener une vie normale.
Est-ce que l'on peut continuer à travailler pendant la chimiothérapie ?
C'est évidemment variable en fonction du type de chimiothérapie, ainsi que de l'emploi occupé. Dans certains cas, il est cependant possible de continuer à travailler pendant le traitement, si vous n'êtes pas trop fatigué. Il peut suffire pour cela de s'organiser avec son employeur et le centre de traitement. On peut, par exemple, effectuer les perfusions le vendredi, ce qui laisse le week-end pour se reposer et permettre de retravailler le lundi.
Certains employeurs acceptent des aménagements d'horaires, ou des postes moins pénibles (sans station debout par exemple).Les formules de mi-temps thérapeutique peuvent également être très utiles dans ce cas. Il est conseillé de s'adresser à une assistante sociale, car les dispositions dépendent de nombreux facteurs (situation particulière, employeur, Caisse de Sécurité sociale).
Informer le médecin de toute prise médicamenteuse
L’automédication n’est pas recommandée avec les traitements médicamenteux contre le cancer, notamment en raison d’interactions potentielles. Certaines molécules pouvant être obtenues avec ou sans prescription médicale, ainsi que certains compléments alimentaires et produits phytopharmaceutiques (produits à base de plantes, comme le millepertuis), peuvent limiter l’effet de médicaments anticancéreux. D’autres médicaments peuvent au contraire entraîner un risque accru d’effets indésirables. L’avis d’un médecin ou d’un pharmacien est nécessaire avant toute initiation d’un nouveau traitement.
La chimiothérapie ne représente plus aujourd’hui le principal axe d’innovation médicale au profit des thérapeutiques ciblées et de l’immunothérapie ; néanmoins les efforts de la recherche pour la chimiothérapie se mobilisent autour de plusieurs axes :
Cibler l’action de la chimiothérapie pour en limiter l’impact sur la qualité de vie : coupler des molécules cytotoxiques à des anticorps capables de repérer et se fixer exclusivement sur les cellules tumorales.
Identifier des molécules de chimiothérapies capables, seules ou en combinaison avec d’autres traitements, de stimuler et orienter la réponse immunitaire de proximité, pour favoriser la destruction tumorale et contrer les résistances.